Le petit bosquet sacré, à peine une douzaine de chêne majestueux, était silencieux en ce magnifique matin. Un immense soleil orangée se levait à l'horizon ses rayons attrapant au passage le fer poli et créant des reflets jaune orangés à l'intérieur de la petite chaumière construite à-même le plus grand des chênes.
Ses reflets étaient dus à une armure de plaque intégrale accrochée à un pantin tel un trophée de l'ancien temps. Cette armure avait plus de 100ans tout comme son propriétaire bien que celui-ci en parût à peine 30. C'était un homme dont la vie au soleil avait rendu la peau burinée et le travail manuel, ainsi que son passé de combattant, avait gardé ses muscles épais intact. Une barbe au gris naissant saupoudrait la face de l'homme d'un bel argenté. Deux yeux bleu acier semblant pouvoir transpercer l'armure la plus épaisse venait finir se visage à la fois enjoliveur et menaçant.
L'homme était debout face à sa fenêtre observant le levé du soleil. Un casque d'acier intégral avec une queue de cheval rouge était suspendu à sa main droite, souvenir d'un glorieux passé maintenant oublié de l'actuel génération.
Ainsi l'appel tant redouté, mais également tant attendu, était arrivé. L'homme s'était éveillé en sursaut quelques minutes auparavant et avait senti comme un appel le poussant à se saisir de sa vieille armure. Ce vétéran avait tout de suite compris que la Dame la rappelait à son service une fois de plus. Des sentiments mitigés agitaient l'homme, surprise, un grain d'incompréhension... Cela venait bien sur du fait qu'il pensait pouvoir enfin vivre une vie tranquille et solitaire, qu'il appréciait à sa juste valeur après maintenant presque 70 années. Mais sa foi pour la déesse était toujours intact, toujours aussi vive, et le fait d'être rappelé ainsi, une chance de récupérer sa gloire d'antan, d'entendre de nouveau cité son nom par les bardes de la cour. Certains pourraient se méprendre sur cette bouffée de sentiment pouvant être prit pour de l'orgueil. Mais ni les possessions matérielle, ou charnelle, n’intéressait cet homme. Seul entendre conter sa foi en la déesse du lac remplirait son cœur de bonheur.
L'homme jeta un regard à ses maigres trophées obtenus anonymement durant les 70 dernières années. Des dents, cornes, écailles. Toutes provenant de créature maléfique ayant tenté de profaner le bosquet confié au chevalier par la Dame. Il l'avait bien servie durant ces cents dernières années, et il remercia sincèrement la Dame de lui offrir une nouvelle aventure après presque deux vie d'homme de sérénité.
Il entendit alors les bruits de sabots auxquels il s'attendait. Une dizaine de cavalier émergea en armure complète, leurs armoiries portées avec fierté. La Dame leur avait eu aussi sans doute fait savoir qu'ils devaient se retrouver ici. La plupart devait connaitre une ou deux histoire, où plutôt légende vu son âge, à propos de leur futur leader. Autrefois il fût appelé Galaad le pur ou le preux suivant les circonstances.
Maintenant connu par quelques personnes vivant dans les environs sous le nom de Gwalchaved il observa les arrivants se découpant dans la fin du levée de soleil, semblant les rendre incandescents.
Il y avait le grand et gros, aux armoiries d'ours. Le Fort.
Il y avait le petit, à l'air presque frêle, aux armoiries du renard. Le Sournois.
Il y avait le grand, élancé, aux armoiries du lièvre. Le Rapide.
Il y avait celui avec un port majestueux, aux armoiries du cerf. Le Noble.
Et tant d'autre dont il ne connaissait pour l'instant pas le visage. Il pouvait simplement les juger sur leurs apparences, reflet de l'âme d'un chevalier.
Il remarqua alors un jeune homme, environ 13ans, sur un petit cheval ayant presque l'air d'un poney à côté des montures de guerre des chevaliers. La face pleine de tâche de son, un feu éclatant et broussailleux à la place de sa chevelure, l'air hagard et les yeux hésitant entre émerveillement et peur.
L'homme sortit en culotte sur le pas de sa porte et fit signe au jeune homme de s'approcher. Les cavaliers restèrent impeccablement alignés, ne pipant mot, attendant les directives.
Voyant l'enfant hésiter Gwelchaved l'appela d'une voix forte de ténor :
-Viens ici Ecuyer, j'ai besoin de ton aide pour enfiler mon armure.
Il fit ensuite demi-tour, disparaissant dans sa chaumière et se prépara à recevoir le jeune écuyer totalement dépassé par les évènements mais prêt, et fier, de faire son travail et de servir une légende.
L'aventure était de nouveau en marche.
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Ven 6 Avr - 21:15