Maruyagi, capitale du domaine d'Otoyama

Shikeo Otoyama marchait au côté de ses hommes. Cela faisait quelques mois qu'une bande de brigands de plus en plus nombreuse harcelait ses paysans il fallait y mettre un terme. Il avait donc demandé des volntaires à ses paysans. En plus des quatre-vingt-dix Ashigarus qu'il avait pu équiper, quarante paysans s'étaient armés d'armes de fortune et l'avaient suivi. Marchaient encore trente Ashigarus mais armés d'arquebuses et quarante Samouraï. De plus il avait Jinto qui battait à son côté, un sabre millénaire offert à sa famille par l'Empereur et qui depuis se transmettait de génération en génération.
Enfin ils arrivèrent au repaire présumé de ces bandits. A peine furent-ils en vue de cet étrange camp, mélange de tentes et d'habitations, qu'une grosse bande de brigands sortit du repaire. Il devait y avoir là une bonne centaine de cavaliers et deux fois plus de brigands à pied, une grosse bande, une armée même. Mais les troupes Otoyama étaient mieux équipées et mieux armées.
Quand ils s’approchèrent il remarqua que certains d'entre eux portaient encore de vieux motifs preuve de leur allégeance à des clans voisins. Voilà donc pourquoi ces brigands étaient si nombreux, poussés par la famine qui sévissait dans les autres domaines, ils venaient piller chez lui qui avait le domaine le plus riche de la région. En effet Shikeo avait des méthodes révolutionnaires. Au contraire des autres Daimyo, il ne levait presque pas d'impôts lors des disettes et mettait une grande partie du riz récolté pendant les bonnes années en réserve pour faire face à la famine. Ainsi ses paysans n'avaient jamais faim.
Les brigands commencèrent par lancer leur cavalerie à l'assaut. Il remarqua que cette cavalerie était menée par des Ronins. Les autres clans étaient vraiment tombés bas pour devoir rejeter des samouraï. Mais bien qu'ils soient à cheval, les brigands ne purent rien faire contre les salves d'arquebuses qui commencèrent à crépiter et la moitié d'entre eux furent morts avant d'avoir atteint les lignes Otoyama. Et même au combat, ils n'avaient aucune chance, Shikeo ayant fait reculer ses troupes vulnérables, ils ne trouvèrent qu'un mur de yaris sur lequel ils s'empalèrent.
Voyant que les brigands à pied hésitaient, Shikeo fit avancer ses troupes afin de les balayer. Les brigands coincés par leur camp n'eurent d'autre choix que de charger. Une fois de plus les arquebuses prélevèrent un important tribut fauchant des dizaines de brigands, avant que ceux ci n’atteignent les guerriers Otoyama. Et encore une fois, les brigands étaient en mauvaise position car ce n'était plus des Ashigarus inexpérimentés qui leur faisait face mais de fiers samouraï menés par Shikeo. Celui ci fit danser son sabre prélevant la vie de trois brigands avant même qu'ils ne puissent lever leurs armes. Comme d'habitude Jinto semblait être vivant au combat. Chaque coup était précis et laissait un cadavre sans vie et chaque fois qu'un des brigands essayait de frapper Shikeo le sabre parait l'attaque avant de trancher la gorge de l'impudent.
Au bout de quelques minutes de massacre, les brigands commencèrent à faiblir, mais ils ne pouvaient plus s'enfuir. Alors qu'ils se battaient contre les samouraï, les Ashigarus et les paysans les avaient contournés et les pressaient maintenant par l'arrière et les flancs. En une heure tout fut terminé. Sur les centaines de morts et de blessés qui jonchaient le champs de bataille, très peu portaient le héron des Otoyama.

La nuit tombe sur Maruyagi, le soleil cédant peu à peu la place à une lune à moitié pleine. Tout est calme ce soir, le chant des oiseaux étant peu à peu remplacé par ceux des animaux nocturnes, tels le grand duc, le tout bercé par le bruit délicat d'une rivière en contrebas. Les gardes en charge de la surveillance du domaine effectuent leurs rondes d'un pas nonchalant, rien ne semblant vouloir troubler le calme relaxant de cette douce soirée.

D'un coup, un oeil s'ouvre dans un buisson, scintillant sous la lumière lunaire un bref instant. Le maître ninja Mavado estimant avoir suffisamment attendu, décida de passer à l'action. En un éclair et sans un bruit, il bondit de sa cachette pour se camoufler derrière un arbre non loin du mur d'enceinte. Il se mit à l'escalader en se fondant dans les anfractuosités des branches, ne quittant aucun des gardes proches des yeux. C'eût été bien plus simple pour lui d'assommer l'un d'entre eux, de lui dérober son déguisement et d'entrer dans le domaine en ce faisant passer pour un loyal serviteur du shogun Otoyama ; malheureusement ses traits occidentaux auraient facilement causé l'échec de cette tentative. Peu lui importait, il appréciait les défis, une montée d'adrénaline ne faisant pas de mal parfois, et il avait fait ce genre de chose tellement de fois qu'il s'agissait presque d'une routine à présent.

Il resta immobile quelques minutes au sommet de son perchoir, attendant le moment propice pour sauter à l'intérieur par dessus le mur. Un nuage cacha enfin la lune au moment où aucun garde ne regardait dans sa direction. Sans attendre une seconde de plus, il bondit!

*Pour le moment, tout se déroule aussi facilement que prévu.* pensa-t-il tout en effectuant une roulade silencieuse pour se réceptionner.

Il se déplaça dos au mur, effectuant des pas de coté, de façon a avoir une visibilité optimale, jusqu'à parvenir au niveau de la porte de derrière, moins protégée. Seuls deux gardes en défendaient l'entrée, mais ils restaient devant la porte sans bouger, ce qui n'allait pas lui simplifier la tache. En venir à bout eut été un jeu d'enfant, mais il y avait un risque qu'ils donnent l'alerte, et il se devait d'agir en toute discrétion. Il s'approcha d'eux autant que possible, s'aidant des quelques rares reliefs pouvant lui servir à dissimuler sa présence. Arrivé à une dizaine de mètres de l'entrée, il prit un caillou dans sa main et se plaqua au sol. Il se déplaça d'un centimètre à chaque minute, passant pour une simple pierre comme il avait appris à le faire durant de longues années d'un entraînement intensif. Environ une heure plus tard, il n'était plus qu'à deux mètres à droite des gardes qui discutaient entre eux sans se douter de rien. Plaçant lentement son caillou entre ses doigts, il le lança sur le coté gauche dans un fourré. Les deux surveillants détournèrent leur regard moins d'une seconde, mais ce délai su être mis à profit. Le ninja se trouvait désormais juste au dessus de leurs têtes, agrippé au plafond. Il fit coulisser délicatement la porte située moins d'un pas derrière eux et se glissa à l'intérieur agilement, retombant au sol sans un souffle. Il referma sans les quitter des yeux, un sourire de malice naissant sous son foulard.

Enfin il était à l'intérieur, il ne lui restait plus qu'à localiser sa victime. Il s'agissait de Otoyama Tageri, la fille du shogun gouvernant cette région. Il se déplaçait à pas rapides et légers dans les longs couloirs, jetant un oeil dans chaque chambre sur sur passage. Il localisa finalement sa cible, endormie seule au milieu de son grand lit. Il touchait au but!

Il se faufila à l'étage supérieur, et pénétra dans la chambre située juste au dessus de celle de sa cible. Il s'agissait de la chambre d'une jeune fille, qui dormait complètement nue, et dont la poitrine ferme et généreuse se risquait en dehors des draps de satin qui dévoilaient le reste de sa silhouette en tous points séduisante...
Se faufilant sous son lit sans la réveiller, Mavado perça un minuscule trou dans le sol, puis il déroula un fil de soie qui descendit par le plafond de la chambre de sa victime, jusqu'à quelques millimètres de son visage. Il prit ensuite une fiole contenant du poison et en fit couler quelques gouttes le long du fil jusque dans la bouche de sa cible. Quelques secondes plus tard, cette dernière hurla de douleur. Ce cri ne manqua pas d'attirer les gardes qui quittèrent leurs postes pour aller voir ce qui se passe. Ils arrivèrent trop tard, la jeune fille était décédée, mais toute cette agitation avait permis à Mavado de s'enfuir sans laisser la moindre trace de son passage.

Le message du client qui avait payé cette mission était clair: Shikeo Maruyagi avait des ennemis.
Son travail terminé, le maître ninja s'en retourna au repaire de son clan, oubliant cette histoire qui faisait désormais partie du passé.

Shikeo pleurait devant le corps de sa fille. Elle qui devait lui succéder à sa mort, elle mourrait avant lui mais ce n'était pas le plus grave. Il avait perdu son enfant, même s'il lui restait ses deux jumelles, ce n'était pas pareil. Quelqu'un entra dans la piéce.

"Qui va là? cria Shikeo
-Moi Shieo, répondit l'homme
-Ah Koji, viens voir.
-Je te présente toutes mes condoléances.
-Merci mais ça ne me rendra pas Tageri. Je veux que tu envoies tous les Kotaro à la poursuite de cet assassin, ne le tue pas, ramène le juste ici. Je veux l'interroger pour savoir s'il a agi seul( (ce dont je doute) et surtout qui il servait. C'est certainement un Ninja, mais tu es le plus efficace Shinobi que je connaisse.
-Merci ta confiance me touche. En vertu des liens qui lient mon Clan au tien et des liens qui nous rattachent tous deux les Kotaro feront tout pour retrouver l'assassin de ta fille. Et il payera.
-Bien. Au fait pour les jumelles, il faut que je pense au Clan. L'une d'elles doit devenir mon héritière, tu sais que je ne suis plus tout jeune.
-Moi aussi je commence à vieillir. Je pense que Miyi est la plus apte à devenir ton héritière. Elle a peu de dons Shinobis mais est très intéressée par les intrigues politiques. Il lui faudra un bon intendant par contre, elle n'a aucune idée sur la manière dont on doit gérer un domaine.
-Seigu Hiroki sera parfait. C'ést le fils de l'intendant et si son père n'a as beaucoup de travail quand je suis là, je pense qu'il en aura lui quand Miyi régnera.

Une semaine plus tard.

Kotaro Koji rentra silencieusement dans le palais. Comme d'habitude il déjoua l'attention des gardes sans mal et monta directement voir Shikeo. Il ne le trouva pas au palais, aussi redescendit il aux cuisines demander de l'aide aux servantes. L'une d'elles le reonnut:

"Oncle Koji! Shikeo est à Terayi.
-Il devait rentrer hier.
-Il est resté un peu plus longtemps. Il n'arrive pas encore à faire le deuil, mais Matsuda l'aide beaucoup. Dame Otoyama y est aussi.
-Bien, je dois y aller. Surveille bien les jumelles, Shikeo n'a pas besoin d'un deuxième deuil.
-Trois Ninjas sont en permanence à côté d'elles."

Koji repartit vers le Nord. Deux jours plus tard il arriva au Monastère de Terayi, le siège spirituel du domaine Otoyama. Les Moines-Guerriers qui y vivaient le saluèrent quand il rentra. Inutile d'essayer de déjouer leur attention c'était impossible, aussi leur rendit il leur salut. Il vit Shikeo en train de pleurer devant une tombe. Celle de Tageri certainement.

"Shikeo appela-t-il doucement
-Quoi? cria celui ci, que venez vous encore me hanter... Ah c'est toi Koji. Viens mon vieil ami. Quelles sont les nouvelles?
-Nous avons retrouvé la piste de l'assassin il y a deux jours. J'ai voulu te prévenir mais tu n'étais plus à Maruyagi. Mes Shinobi ont dû le capturer, il est certainement dans les cachots aujourd'hui.
-Je viens. Allons interroger ce scélérat. Les jumelles vont bien?
-A merveille. Shizami les fait surveiller par trois Ninjas. Elle s'en veut encore, tu sais que c'est par sa chambre que l'assassin est passé?
-Oui mais ce n'est pas de sa faute. C'était un assassin professionnel, il est normal qu'elle ne l'ais pas entendu."

A cheval le voyage qui avait pris deux jours à Koji ne leur prit que trois heure. Sans même se changer (il portait encore une robe d'intérieur, qui était couverte de poussière après le voyage), Shikeo descendit aux cachots. Là dans l'une des cellules, gisait un inconnu, c'était donc lui l'assassin de Tageri. Aucune marque distinctive sur ses vêtements, il n'appartenait à aucun clan Shinobi.

"Chien! Qui t'as ordonné de tuer Tageri? Parles et tu auras la vie sauve.
-Otoyama, tu n'as pas changé. Mais soit, je n’ai de toute façon aucune considération pour mon employeur. Il s’appelle Harugi Kitaro.
-Quoi? C'est Harugi qui a tué ma fille? Le chien! Où est-il que je l'étripe. Il va voir ce qu'est la vengeance du Héron.
-Harugi est en Arabie à l'heure qu'il est, intervint Koji. Depuis quelque mois ce traître trafique avec des Arabiens. Il prépare un coup pas clair. Je crois qu'il a des visées sur Otoyama et comme il sait qu'il n'est pas assez puissant pour s'en prendre à toi, il cherche des alliés.
-Sur Otoyama... Je sais, ce fourbe voulait marier son fils avec Tageri, comme il est le plus puissant seigneur après moi dans cette région, une alliance entre nos deux clans lui aurait été très profitable. Mais son fils n'est qu'un porc bipède. Tageri n'a jamais voulu de lui et elle avait raison.
Dans tous les cas, c'est décidé. Je pars demain pour l'Arabie.
-Demain? Mais c'est bien trop tôt. Rien n'est prêt et...
-Tais toi. Naori pourra s’occuper du domaine. Et Maruyagi n'est il pas le plus grand port de Nippon? Je pars demain, rassemble l'armée. Heureusement je ne l'ais pas démobilisé après l'attaque sur les brigands."