Cote ouest du Nordland

Nous avions navigué des jours, pourchassant nos cousins honnis qui, dans leur folie, s’en étaient pris à nous. Chaque jour, la douleur dans mon bras gauche était plus forte, chaque jour je perdais en vigueur. Il est certain que, dans la lâcheté qui caractérise les Durchiis, l’assassin avait empoisonné son arme. Mais je n’abandonnerais pas, je ne céderais pas face à ces êtres au cœur aussi sombres qu’une nuit sans lune. Ces pleutres fuyaient vers l’est, nous pouvions parfois apercevoir leur grande arche Noir voguer sur l’océan agité, mais nous ne parvenions pas à les rattraper.

Chaque matinée, je montais sur le pont pour observer l’horizon pendant des heures tout en priant Asuryan le créateur. Je priais pour ma survie, je priais pour étancher ma soif de vengeance et rattraper ces êtres maudits. Au bout de quelques jours, je me sentais que le venin de l’assassin me quittait, peut-être qu’Asuryan avait entendu mes prières. Pourtant, mon bras reste douloureux, chaque mouvement me rappelle la morsure brulante du carreau pénétrant dans ma chaire.

Alors que nous voguions depuis plusieurs semaines et que nous restions toujours désespérément loin de notre cible, un cri retenti de la vigie. Dans notre langage chantant, l’elfe nous donna enfin une bonne nouvelle, une terre se trouvait non loin. Nous en avions fort besoin, l’eau commençait à nous manquer tout comme la nourriture. Un choix s’imposait alors, devions-nous abandonner notre poursuite effrénée, ou bien continuer en ne se souciant pas de nos réserves ? Nul doute que les Durchiis ne s’étaient pas arrêté, ils sont habitué à ce genre de long voyage en mer, leur réserve devait être bien plus cosécante que les nôtres. Je fis alors le choix qui me parut le plus sage, nous ne pourrions pas survivre très longtemps si nous poursuivions encore nos sombres cousins, je donnai alors l’ordre de débarquer.

Nous devrons être prudents, peu nombreux sont nos alliés et nos ennemis sont légion. Prenant tous nos armes luisantes, nous descendîmes du navire en faisant le moins de bruit possible. Ainsi, accompagné de mes trente gardes maritimes, j’observais les terres rocailleuses et inhospitalières qui s’étendaient devant nous. Une noire forêt était proche, dans laquelle s’enfonçait une petite rivière qui pourrait nous être utile dans notre entreprise.

Rapidement, je mis mes troupes en formation. Ce fut dans une discipline de fer que mes soldats formèrent deux formations sur deux lignes, séparé de quelques mètres seulement. Je donnai alors l’ordre d’avancer en direction de la forêt, chaque oreille était dressée, chaque soldat épiait tous les détails autour d’eux alors que nous nous enfoncions dans l'inconnu.
Tout se passait bien, pourtant je sentais que quelque chose n’allait pas. Cet endroit m’inquiétait, il me semblait que quelque chose ne tournait pas rond. Mais nous n’avions pas le choix, nous avions vraiment besoin de cette eau pour le voyage de retour.

Nous sommes des Asurs, et nous ne craignons rien, ni les terribles démons, ni les maudits Elfes Noirs, ni même les brutaux orcs.

La marche dura encore quelques dizaines de minutes, puis nous arrivions enfin à la source du ruisseau. Toujours sur nos gardes, nous remplissions nos réserves en vue du voyage de retour, jusqu’au moment où un étrange reflet attira mon regard. Tout en faisant signe à mes fidèles gardes maritimes de rester sur leurs gardes, je m’approchai le plus discrètement possible de la source du scintillement. Mon regard erra quelques instants, puis se fixa sur le répugnant tas de chaire carbonisé disparaissant sous les herbes hautes.

La peau noircie du cadavre lui collait aux os, quelques poils ayant survécu aux flammes dépassaient encore de son menton au-dessus duquel de vide orbite inexpressif trônait. À en juger les morceaux de tissu qui faisaient fi d’habit, ce devait être un humain, certainement un impérial. Mais quelque chose dans sa main serrée attira mon attention, un morceau de parchemin. J’attrapai alors le morceau de peau auquel cet homme devait tenir plus qu’à la prunelle de ses yeux, qu’il avait d’ailleurs perdu. Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’une carte se dévoila à mes yeux, surprise d’autant plus grande qu’elle décrivait une région de Naggaroth, la terre de nos cousins maudits, dénués de tout courage et de toute bonté.

Le chemin que décrivait cette carte traversait des forêts aussi sombres que le cœur des Durchiis, passait par des pics escarpés, plongé dans un froid sans nom, puis s’arrêtait aux puits de Zardok. Ce fut en promenant mon regard sur les côtés de la carte que je vis l’objet caché en ces lieux si obscurs. Un croquis prenait la forme d’un superbe joyau incrusté dans une amulette aux formes draconitiques. Il ne fait nul doute qu’une telle œuvre d’art était de facture elfique, et ce ne sont ni nos cousins arboricoles, ni nos cousins honnis qui auraient pu la fabriquer. Ces traitres voleurs d’Elfe Noir avaient dû la volée lors d’un de leurs implacables raides sur les côtes d’Ulthuan, ce crime ne devait pas rester impuni, non, personne ne peut s’attaquer aux Asurs sans en subir les conséquences. Une voix dans mon dos me tira de mes pensées haineuses envers nos villes cousins.

-Seigneur Dréanoc, nos réserves sont pleines, il vaudrait mieux ne pas s’attarder ici.

-Bien, nous retournons au navire, marchez d’un pas vif et silencieux, ces terres ne sont pas sûres et la mort peut surgir de n’importe où.

Nous repartîmes alors en sens inverse, laissant le cadavre calciné se faire engloutir par la végétation. Durant tout le trajet, mon esprit ne quitta pas la carte que j’avais trouvée. Le choix le plus sage aurait certainement été de rentrer au plus vite dans nos terres chatoyantes, mais mon cœur me disait que là n’était pas mon destin. Le navire finit par être enfin en vue et nous pûmes embarquer ce que nous étions venu charger sans qu’aucun évènement ne vienne nous perturber. Lorsque nous fûmes fins près, de magnifiques voiles dont le blanc n’avait rien à envier de la couleur des plumes des colombes firent lancer notre navire sur les vagues anguleuses des mers de l’Empire. Je me dirigeai alors vers l’elfe qui tenait la barre.

-Nous partons à l’est, en direction de Naggaroth.

Nous sommes les Asurs, et personne ne peut nous voler sans que notre colère destructrice ne s’abatte sur le voleur.

Voila un moment déjà que la tempête venue du nord avait chamboulée le monde, et que les légions du dieu Khorne avaient commencées à ravager les terres des mortels. Cette nouvelle incursion s'étendait jusqu'au confins du globe, des terres gelées de Naggaroth jusqu'aux pays éloignés de l'Extrême Orient. Les attaques portées par les démons vinrent évidemment donc mettre à mal les projets d'Alcahizzar le Redouté et de son armée damnée. Alors qu'il s’appétait à affronter une armée d'hommes et de nains, le roi des tombes c'était rendu compte que ces adversaires étaient partis. Nul ne sait où, mais Kislev venait juste alors de se faire envahir par des flots continus de démons... De plus, les peaux-vertes environnant Altorf avaient commencé à se mettre en mouvement, quittant le Reikland pour aller retourner dans les demeures caverneuses, ou bien encore aller ravager d'autres régions du Vieux Monde. Profitant de cette retraite précipité de la part des sauvages verdâtres, Altorf avait pue être regarnie par des troupes impériales venus des autres régions, et l'Empereur avait ensuite ordonné que la traque dans tout le Reikland soit lancée, et que tous les regroupements ennemis soient annihilés. Voyant que ses troupes étaient maintenant en infériorité numérique, Alcahizzar décida de quitter la région, de peur que lui et sa horde soient rapidement décimés par les nombreuses troupes impériales écumant les bois de la Reikwald. L'ost du Nehekhara partit alors au nord, pénétrant dans la province du Middenland. Traversant les Landes du Milieu, puis la partie occidentale de la Drakwald, les morts-vivants du sud arrivèrent finalement jusqu'à la province du Nordland, après c'être faillés un chemin à travers les bandes de peaux-vertes et d'hommes-bêtes et à travers les troupes impériales envoyés par le Comte Électeur du Middenland. Arrivée dans la province du Nordland, l'armée maudite pus raser quelques hameaux peu protégés avant de finalement atteindre la cote ouest. Alcahizzar comptait voir la mer du nord, avant de repartir affronter d'autres adversaires dignes de mourir sous sa lame; en continuant toujours vers le nord, où les combats étaient les plus ardus en ce moment...
La horde regarda en silence la mer déchaîné dont les vagues venaient s'écraser contre les falaises. Devant eux, la mer des griffes s'agitaient même jusqu'aux lointaines cotes de Norsca. Le roi du désert regarda pensivement ce paysage changeant et violent, tandis que des nuages noirs se profilaient à l'horizon. De toute évidence, le chaos élargissait son emprise sur le Vieux Monde, mais cela ne continuerait pas éternellement. Si jamais les armées de l'ordre ne parvenaient pas à évincer cette menace, Alcahizzar se fit le serment qu'il irait lui même repousser les chaotiques, chose qu'il répugnerait à faire bien sûr car cela reviendra à sauver les peuples du Vieux Monde. Mais le roi des tombes comptait seulement détruire ces peuples lui-même, et ne laisserait jamais les hordes du chaos le faire à sa place. Il sortit de ses pensées lorsque Im-Rammon, le prêtre-liche de l'armée, approcha silencieusement du souverain mort-vivant. Ce dernier continua néammoins d'observer les vagues et la large de la mer nordique, attendant que son serviteur prenne la parole.
"Majesté... commença alors Im-Rammon, Quelle sera notre prochaine destination ?

- Nous allons continuer vers le nord-est, en direction du royaume de Kislev. répondit le roi du Nehkhara sans détourner le regard, Là, il nous sera impossible de ne pas croiser la route d'armées prêtes à se battre face à notre glorieuses armée.

-Dois-je comprendre que nous repartons maintenant ?

-Oui, plus tôt nous rencontrerons des ennemis dignes de se battre, plus tôt la victoire sera notre. Préviens les nécrotectes et les hérauts, qu'ils ordonnent aux cohortes de se mettre en marche.

-Votre volonté soit faite, puissant seigneur." termina le prêtre-liche qui repartit vers les rangs des revenants silencieux.

Quelques instants après, l'ost mort-vivant se remit en marche vers le nord-est, comme l'avait décidé Alcahizzar le Redouté. Plus que tout, il espérait trouver des adversaires, dignes de l'affronter et de mourir sous sa lame. Peut être que le futur allait lui donner raison...