Port de Fu-Chow

Après quatre jours de voyage à cheval, j'arrivait enfin à Fu-Chow. C'était une ville assez paisible vivant principalement de la pêche et du commerce maritime. Quand je traversais les rues, je pouvais entendre les cris des marchands tentant de crier plus fort que leurs concurrents, ainsi que les pas botés de fer des gardes patrouillant dans la ville à la recherche de quelques voleurs ou autre malfrats.

Je finit par arriver au port, où des dizaines et des dizaines de bateau mouillaient, débarquer leurs marchandises. Mon attention se tourna alors vers trois grand bateaux de militaires qui faisait embarquer des troupes et des provisions. Je dirigea ma monture vers ces derniers et alla à la rencontre d'un homme en armure lourde faisant embarquer les troupes. Une fois arrivé devant lui, je lui demanda:
" Excusez moi, messire. Je suis Chen Liu Laozhi, je doit embarquer pour le Vieux Monde.

L'homme se retourna vers moi, l'air surprit, puis tout d'un coup s'exclama:
"Aaahhhhh! C'est vous le stratège envoyé par l'empereur! Je suis ravi de faire votre connaissance!
-Mer...merci. bafouillai je. Mais, sauf votre respect, qui êtes vous???
-Capitaine Shan Ao, pour vous servir. On nous a prévenu de votre arrivée. Vous devez être notre représentant au Vieux Monde. Je vous croyais seulement un peu plus vieux si ce n'est vous offensé. dit il dans un rire.
-Vous ne m'offenser pas, je vous rassure. C'est un grand honneur pour moi de représenter mon peuple dans ce monde inconnu. Cependant pourquoi prendre trois bateaux? Et pourquoi autant de soldats?
-Oh vous savez, le Vieux Monde est loin d'être un monde harmonieux. C'est infesté de peuples barbares et de monstres sauvages qui ne pense qu'à faire couler le sang des autres. Mon grand-père est allé dans le Vieux Monde il y a longtemps, il est revenu avec un oeil en moins.

Cette dernière phrase ma fit ravaler lentement ma salive.
"Et pour les bateaux, eh bien...c'est pour éviter d'avoir des frictions entre soldats, et également pour voyager plus léger et plus rapidement. Mais si vous le permettez, je vais vous montrer vos soldats.

Il me conduisit alors vers le bateau situé à gauche. Là, je pouvais voir des guerriers singes embarquer sur le navire. Il y avait également une quinzaine de moines-guerriers qui accompagnaient dix imposants chiens de pierre.
"Ce sont les troupes un peu "spéciales" si vous voulez. Ils viennent tous d'une montagne situé au sud d'ici. Leur roi a accepté de nous donner des troupes à lui."

Nous nous dirigeâmes ensuite vers le bateau d'à coté, où des hallebardiers et des arbalétriers montaient en rang discipliné, suivis par des hommes montés sur des chevaux.
Puis il m'amena vers le navire de droite, où montaient deux lances-fusées resplendissant dans leurs protections d'or et de bijoux, sur le pont. Nous montâmes sur le pont, où des marins s'affairaient à larguer les amarres.
"Voici votre transport pour le Vieux Monde, général. Restez sur le pont, vous pourrez nous voire faire voile. me dit le capitaine souriant dans sa barbe noire de jais.

Je resta donc sur le pont pour voire le navire prendre la large. Je monta ensuite à l'arrière du bateau, pour voir les derniers bouts de terre qu'on pouvait voir à l'horizon avant de me retourner vers le bleu du Grand Océan. J'étais en plein rêve. J'étais sur un bateau pour la première fois de ma vie, et je voguais vers l'inconnu. Je repensa toutefois au ce que m'avais dit le capitaine sur son grand-père. A t-il perdu son lors d'un bataille, ou contre une bête hideuse qui avait essayé de le dévorer. Mes pensées se mélangeaient quand Shan Ao me tapa amicalement sur l'épaule.
"Alors, on est mélancolique? Aller, venez le jeunot, je vais vous montrer votre cabine. Vous devriez vous reposer, car la traversé durera plusieurs mois. Et elle risque d'être tourmentée...

Fu-Chow, paisible cité portuaire de l'est cathayen, servant de point de départ pour chaque homme de Cathay désirant prendre le large pour les terres inconnues. Cette ville n'est pas habitué à des évènements, et ces habitants ne se soucis guère des choses se passant à coté d'eux. Pourtant, quelque chose allait bouleverser leur quotidien.
Lors d'un matin on ne peut plus normal, alors que la ville se réveillait paisiblement et que ces habitants se mettaient à leurs taches quotidiennes, un cor sonna à la porte de la cité. Personne ne savait vraiment qui cela pouvait être, et les gardes se mirent en tenue de combat, de peur que cela soit une attaque. Un des gardes passa la tête par dessus les remparts pour voir les raisons de cet appel. Devant lui se tenait une troupe entière de guerriers singes, accompagné par un petit groupe de soldats cathayens. A leur tête se tenait un grand singe, fortement bâti, aux larges mains et recouvert d'une armure antique venue des anciens temples catayens. Sa main droite était accroché à un bâton gravé de symbole mystique, semblant être entouré par une quelconque énergie magique. Ce dernier s'avança de quelques pas vers la porte, puis prit la parole, à la grande stupéfaction des gardes:
"Salutations valeureux gardes humains de Fu-Chow. Je me nomme Meng Wu, roi singe de la forêt de Song Jiang. Je vient par ordre de l'Empereur Dragon, afin de partir pour la contrée d'Arabie, afin de porter de l'aide à un stratège militaire envoyé par sa majesté. Nous voudrions donc que vous nous laissiez rentrer entre vos murs pour prendre la mer sur l'un de vos navires."

Les gardes réfléchirent un moment, puis l'un d'entre eux répondit:
"Qu'est ce qui nous montre que vous venez de la part de l'Empereur, et non pas pour mettre la ville à feu et à sang ?
-Oh si se sont des preuves que voulez, nous en avons une qui devrait vous convaincre..." répondit le roi souriant du coin des lèvres.

Tout d'un coup, un bruit sourd se fit entendre, et le vent se leva subitement. Le ciel s'ouvrit alors tandis qu'un rugissement divin se fit percevoir. Ce fut à ce moment qu'une créature légendaire apparut juste au dessus de la cité. C'était un majestueux dragon céleste, vestige du peuple draconien peuplant les hauteurs de l’extrême orient. Ses écailles étaient jaune d'or, et son corps long et sinueux s'étirait dans le ciel à la manière d'un serpent envoyé par les dieux. Ses yeux ressemblant à des diamants fixaient les petits gardes pétrifiés par cette apparition, tandis que de sa gueule s'échappaient des vapeurs brumeuses. Le garde ayant prit la parole pour ses compagnons d'armes tenta de sortir quelque chose, mais aucune de ses cordes vocales ne voulait plus marcher. Chose peut être normal lorsque l'on se trouve en face d'un de ses monstres de légende. Finalement, le roi singe reprit la parole:
"C'est Ur Xanka, un des puissants dragons de guerre de l'Empereur. Il a été choisi pour servir de compagnon de guerre au stratège militaire Chen Liu Laozhi, tache qu'il accepte avec joie et recpect. Maintenant, avez besoin d'autres preuves messieurs les gardes ?
-Je... commença le garde, N... non c'est bon, nous vous laissons passer bien sûr."

Les portes s'ouvrirent donc aux troupes de l'Empereur, et ce fut avec plaisir que le roi singe mena ses soldats vers le port. Entre temps, le garde qui avait parler du haut des remparts vint à la rencontre du roi singe, l'air gêné. L'autre ne fit que le regarder d'un air neutre.
"V... veuillez accepter mes plus plates excuses, messire. Je laisserai ma langue où elle est la prochaine fois."

Le roi singe sourit, et au même moment, Ur Xanka atterrit au beau milieu de la cour, faisant fuir les villageois et marchands apeurés, croyant que le monstre voulait dévorer leur bétail et leurs produits. La majestueuse bête se dressa ensuite sur ses pattes arrières, et fixa l'homme de ses yeux éclatants. Ce fut alors qu'une voie résonnât dans l'air. Les yeux du dragon s'élargirent à ce moment là:
"Nous te pardonnons petit homme."

A ces mots, la créature reprit son envol, laissant stupéfait le garde tandis que la troupe reprit sa marche vers le port. En effet, nombre de personnes n'ont jamais su que les dragons célestes avaient le don de parler et de communiquer par la pensée...

La troupe arriva quelques instants après au port, où un bateau les attendaient déjà. Ce bateau n'était pas un simple moyen de transport, loin de là. Il faisait en effet partie d'une des barges de guerre impériales, un formidable bateau bâtit d'or, de bois et de joyaux, aux mats hauts comme des tours, et aux voiles resplendissantes des symboles de l'Empire Cathay. Ce mat était équipé comme un guerrier du chaos, et chacun de ses étages accueillait un cinquantaine de lances-fusées et autres canons venus des forges impériales. Ce navire passerais l'envie aux pirates et même aux drakkars nordiques de l'attaquer, surtout avec un dragon l'accompagnant. Les hommes embarquèrent donc, embarquant avec eux provisions, équipements, etc... Malgré la proposition de Meng Wu et du capitaine, le dragon Ur Xanka refusa de monter dessus, car bien que le bateau puisse supporter son poids, il allait de son honneur de voler jusqu'en Arabie. Il ajouta qu'il ne se poserait que dans le cas de se reposer bien sûr. Le bateau prit donc le large en milieu de matinée, ses occupants regardant un dernière fois les rivages de l'étrange Empire Cathay, empire prospère et puissant qui est aujourd'hui un des derniers bastions d'ordre sans corruptions ni marque des serviteurs du chaos, car les cathayens comptent parmi les plus coriaces des adversaires des hordes du grand nord, et le Grand Mur au nord de leur territoire leur a permit de tenir en respect le royaume du chaos depuis des millénaires. Les voyageurs se détournèrent finalement de la vision arrachante de leur patrie, pour admirer leur fier allié céleste survoler le navire et partir au devant vers le soleil levant, drapé dans un lit de nuage brumeux...

Il est étrange comme l'on peut voir des visages familiers venir et repartir au loin, pour après refaire surface. Les paisibles habitants de Fu-Chow passaient encore une journée calme et tranquille, la ville baignée dans le soleil qui était à son zénith, lorsque la mer fit apparaître des voiles blanches, portées par les vent d'ouest. Des drapeaux portant l'emblème de l'Empereur Dragon apparurent à leur tour, et la flotte cathayenne se distingua complètement. Ils étaient quatre, quatre puissants navires de guerre cathayens, qui accostèrent au port sous les regards encore surpris des habitants. Ils ne se doutaient pas que c'étaient moi et ma troupe qui revenions après environ un an à travers les Vieux Monde, plus les mois passés en mer. Mais ce n'était pas pour prendre des vacances, car nous aillions devoir affronter nos ennemis de toujours, les forces du chaos.
Tandis que mes troupes commençaient à descendre sur les quai et à se diriger hors du port de la ville, je tira doucement sur les rênes de Ur Xanka, mon nouveau compagnon de route, qui s'envola gracieusement dans les airs, à l’effarement de tous les habitants. Plongeant dans les quelques nuages visibles à travers ce ciel d'un bleu de saphir, nous nous posâmes finalement à quelques mètres des murs de la cité, attendant sur une colline que mes hommes sortent de la ville. Bien entendu j'aurais voulu aider mes capitaines à organiser le déchargement des bateaux, mais Ur Xanka voulait absolument se poser un peu sur l'herbe tendre qui recouvrait les plaines et les collines de notre immense patrie. j'avais accepté, car il aurait besoin d'être relaxé et en forme avant de partir pour le nord, là où les démons du chaos lançaient leur attaque.
Il ne fallu pas plus d'une heure pour que mes troupes sortent de la cité en ordre parfait, et viennent se placer face à leur général et son redoutable allié volant. Je vis tous les regards fixés sur moi, je savais qu'ils attendaient que je parle avant de marcher vers une mort certaine, car mon armée seule ne pourrait contenir l'invasion démoniaque se profilant à l'horizon. Respirant profondément, je décida de lancer un ultime discours avant l'heure fatidique:
"Valeureux soldats de Cathay, en ce jour nous sommes revenus chez nous, dans notre pays ! Et pour quoi ? Pour le sauver des forces du mal qui se rassemblent au nord, pour protéger nos familles, nos proches, et tous ce que nous chérissons sur cette terre ! Alors je vous demanderais ceci: combattez jusqu'à la mort si il le faut, et éloignons ensemble les infâmes créatures qui se dressent face à la paix de notre glorieux empire !"

Je dégaina ensuite mon épée brillant d'un acier polie, et la brandit en l'air pour montrer le courage et la détermination dont nous devrions faire preuve lorsque nous affronterons ces monstres du grand nord. Enfin, et finit mon discours par cette ultime phrase, qui devrait faire jaillir l'espoir et la confiance dans les coeur de chaque cathayen:
"Pour l'Empereur !!!"

La phrase se répéta à travers les bouches de chacun de mes soldats, qui brandirent leurs armes et crièrent en coeur cet appel à la gloire. Content de voir qu'ils donneraient tous pour leur pays, je n'attendis pas plus, et nous nous mîmes en route vers le nord. Ceci sera NOTRE bataille, celle qui allaient nous faire entrer dans la légende parmi les nombreuses batailles épiques de ce monde. Nous ferons honneur à notre peuple, même si pour cela nous irons à la rencontre de notre destin...